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Nous avons besoin de données objectives sur le handicap au travail

«L’OIT s’est engagée à mener la discussion sur l’inclusion du handicap. L’évaluation et le suivi des progrès seront déterminants si nous voulons aller au-delà des simples discours», déclare Guy Ryder, Directeur général de l'OIT.

Editorial | 19 février 2020
Guy Ryder, Directeur général de l'OIT
Les personnes handicapées – qu’on estime représenter environ 15 pour cent de la population mondiale – forment un réservoir de talents largement inexploités sur le marché du travail. Elles courent un grand risque d’être davantage marginalisées du fait des transformations rapides – développements technologiques, changement climatique et évolution démographique – que connaît le monde du travail. De ce fait, les inégalités pourraient se creuser – sauf si les pays mettent en place une série de mesures pour y remédier.

Au sein de l’Union européenne, 60 pour cent des personnes handicapées ont un emploi, tandis que le taux est de 82 pour cent pour le reste de la population. Aux Etats-Unis, c’est 37 pour cent contre 77 pour cent. En moyenne, les travailleurs handicapés gagnent moins que les travailleurs valides et se voient souvent refuser l’accès à l’éducation, aux technologies et à la protection sociale, parmi les besoins essentiels.

Mais, dans le même temps, de plus en plus d’entreprises revoient leurs politiques et leurs pratiques, y compris celles qui concernent la diversité et l’inclusion, les ressources humaines et l’accessibilité, afin que les personnes handicapées aient un meilleur accès à l’emploi.

La campagne «The valuable 500» a été lancée l’an dernier, lors de l’édition 2019 du Forum économique mondial de Davos. Soutenue par le Réseau mondial Entreprises et handicap de l’OIT, la campagne invite les PDG de 500 entreprises à inscrire la question du handicap à l’ordre du jour de leur Conseil d’administration. Depuis lors, plus de 240 sociétés se sont engagées. Quand le Forum s’est réuni cette année, la nécessité de prendre davantage de mesures sur l’inclusion du handicap a fait l’unanimité.

© Mohamed Abd El Ghany / REUTERS
Cependant, ces initiatives doivent être complétées par la mise en place de mécanismes permettant de suivre les progrès et de mesurer si nous sommes véritablement à la hauteur de l’engagement de «ne laisser personne de côté» que nous avons tous pris dans le cadre du Programme de développement durable pour 2030. L’essentiel à cet égard est de disposer de données ventilées par type de handicap. Cela peut parfois sembler compliqué en raison de la diversité des définitions nationales et des problèmes liés à la confidentialité et à d’autres facteurs.

La bonne nouvelle, c’est qu’il existe un accord international sur la manière d’identifier les personnes handicapées afin de produire des statistiques fiables et comparables qui nous permettent de repérer les failles en matière d’inclusion.

Cette méthodologie agréée – la série de questions du Groupe de Washington – permet de conduire des enquêtes générales, comme les enquêtes sur la main-d’œuvre, qui intègrent une série restreinte de six questions afin d’identifier la population handicapée dans un contexte donné. A partir de ces questions, l’OIT a développé un module qui permet aux pays de recueillir des informations détaillées sur la situation des personnes handicapées et sur les causes profondes qui les empêchent d’accéder au marché du travail.

Dans la Déclaration du centenaire de l’OIT sur l’avenir du travail, les représentants des gouvernements, des employeurs et des travailleurs des 187 Etats Membres de l’OIT ont déclaré que l’OIT devait concentrer ses efforts en vue «d’assurer l’égalité des chances et de traitement dans le monde du travail pour les personnes handicapées».

L’OIT s’est engagée à mener la discussion sur l’inclusion du handicap. L’évaluation et le suivi des progrès seront déterminants si nous voulons aller au-delà des simples discours.